TF1, Sony Music, Spotify… Tout le monde dit merci à Pierre Garnier, grand gagnant de la “Star ac” 2024. Le succès est intergénérationnel. La preuve que la télé est encore capable de générer un phénomène populaire. En toute humilité, cela va sans dire.

La Star ac aura été pour Pierre Garnier plus une rampe de lancement qu’une école. Photo Elisa Baudouin

«La perfection au masculiiiiin… » Dans un récent spot de publicité pour une célèbre marque de rasoirs, Pierre Garnier entonne le non moins célèbre slogan tout droit revenu des années 1980. Plutôt inattendu, voire un brin ironique, pour le grand gagnant de la Star academy promo 2024 : on ne l’a jamais vu rasé de près, et encore moins manifester le moindre signe de narcissisme. Un an après sa sortie du château de Dammarie-les-Lys, siège du télé-crochet de TF1, le jeune homme natif de Villedieu-les-Poêles (Manche) est resté fidèle à lui-même : humble, gentil, un peu timide, tout simplement « vrai », comme on dit dans le jargon de la télé-réalité, passant d’un plateau à l’autre avec l’air de se demander ce qu’il fait là.

Il y aurait pourtant eu de quoi perdre la boule : plus qu’un énième « talent » propulsé par la magie des shows calibrés du prime time, l’ex-étudiant de 22 ans vit un triomphe inédit, auquel il aura été difficile d’échapper cette année. Les chiffres donnent le tournis… et font briller les yeux dans les couloirs de TF1 et de Sony Music, qui le produit : en à peine quinze jours, son premier single, Ceux qu’on était, avait cumulé quinze millions de streams (du jamais-vu pour une nouveauté). Son album, écrit (un peu vite…) dans la foulée, certifié disque de platine en quatre mois (cent mille copies vendues), vient d’être réédité ; sa prochaine tournée des Zénith a affiché complet en quelques heures…

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Peu importe ce que l’on pense de la qualité de sa musique, les ballades sentimentalo-simplettes de Pierre Garnier plaisent à toutes les générations, des TikTokeurs à leur grand-mère. Qui aurait pu imaginer que la télé à l’ancienne soit encore capable de générer un tel phénomène populaire ? Pour rappel, la « Pierre Garnier mania » a démarré lorsque le candidat à la voix rauque (mais pas trop) a présenté un morceau de sa composition au château, puis sur le prime, encouragé par le rappeur Dadju et à l’insu de la prod, semble-t-il… Face à l’engouement sur les réseaux, Sony a sorti le single sans attendre la fin de la saison. Bien joué. Sans crier au calcul marketing, soulignons quand même que le candidat avait signé avec un label avant son entrée au château.

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La Star ac aura été pour lui plus une rampe de lancement qu’une école. Chouchou des profs et du public dès le début de « l’aventure », il faisait déjà figure de futur vainqueur tandis que les autres « académiciens » s’évertuaient à chercher « la meilleure version d’eux-mêmes », le mantra de l’émission. Pas si étonnant, tant il en incarne les valeurs affichées comme des slogans, elles-mêmes en phase avec les codes sociaux d’aujourd’hui : bienveillance, inclusivité, épanouissement personnel… Très loin en somme des clashs, du culte de la performance, des corps formatés et des ego trips de la télé-réalité originelle. La victoire du lisse Pierre Garnier, c’est le triomphe du « candidat normal », mieux qu’un bon chanteur : « une belle personne »… Cœur avec les mains. Les élèves de la nouvelle promo, libérés du château en février prochain, ne rêvent que de suivre ses traces. Certains, petits malins, profitent de la diffusion en live pour fredonner l’air de rien des compositions personnelles entre deux cours. Sans réussir à faire exploser les compteurs.