Dans une interview au « JDD », le Premier ministre dit vouloir éviter un « concours Lépine fiscal » lors de l’examen du budget qui commence ce lundi dans l’hémicycle.

Michel Barnier ne veut pas que s’engage « un concours Lépine » des taxes.
VALERY HACHE / AFP
Michel Barnier ne veut pas que s’engage « un concours Lépine » des taxes.

POLITIQUE – Michel Barnier prévient : l’examen du budget ne doit pas virer à la course à l’échalote vers toujours plus d’impôts. À la veille de l’arrivée du texte dans l’hémicycle (ce lundi 21 octobre à 21h30), le Premier ministre déclare dans une interview au JDD que « l’effort dont chacun doit prendre sa part ne peut pas se transformer en concours Lépine fiscal ». Façon de ne pas prendre les oppositions à défaut mais de leur annoncer la couleur dès le départ.

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« Si la stabilité et le cap en faveur de la compétitivité de notre économie, sont remis en cause, cela suscitera des craintes et freinera l’investissement », dit le chef du gouvernement. Pourtant, force est de constater que les marges de manœuvre réelles de son équipe sont faibles : elle est à la merci d’une motion de rejet dès l’ouverture des discussions et de la possible adoption d’une motion de censure, si le Premier ministre en vient à recourir à l’article 49-3 pour faire passer le budget sans vote.

La mise en garde de Michel Barnier ne doit rien au hasard : toute la semaine, les oppositions (surtout de gauche) ont poussé en commission des Finances de nombreux amendements créant de nouvelles taxes : sur les superprofits, sur les multinationales… Avec tous ces ajouts impulsés par le NFP, « qui ne s’articulaient même pas entre eux, le texte était devenu insoutenable », regrette le Premier ministre. C’est donc de la copie originale, celle transmise par le gouvernement, que repartiront les députés dans leurs travaux. « Dans le cadre du débat parlementaire, nous serons attentifs aux amendements qui préservent ou améliorent la compétitivité et, plus largement, l’activité économique », martèle le successeur de Gabriel Attal.

La menace du 49-3 pour éviter « tout blocage »

Dans l’interview, l’ancien négociateur en chef du Brexit assure que les hausses d’impôts qu’il propose pour les plus riches ou les grandes entreprises n’ont pas vocation à s’inscrire dans la durée, mais sont bien imaginées pour n’exister que de façon temporaire. Un point de friction (parmi d’autres) avec les alliés du Modem, qui plaident pour les rendre permanents. « Je m’engage à ce qu’aucune taxe temporaire, dictée par les circonstances, ne devienne permanente », défend Michel Barnier, qui prévoit une durée de vie de deux ans pour ces impôts exceptionnels.

Au total, le gouvernement table sur 20 milliards d’euros de recettes nouvelles. Ce à quoi il convient d’ajouter les 40 milliards d’euros de baisse des dépenses publiques pour atteindre les 60 milliards d’euros d’économies prévues. Quant à la manière d’adopter ce budget au forceps, le Premier ministre se veut évasif. « En cas de blocage parlementaire, retarder l’adoption du budget pourrait paralyser l’action publique, compromettre la gestion des finances de l’État et mettre en danger la crédibilité financière de la France », assure-t-il. Comme pour mieux rappeler que le 49-3 permettra d’éviter « tout blocage ».

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