Arrestation de Mike Jeffries : ce que l’on sait de l’enquête contre l’ex-patron d’Abercrombie & Fitch

Avec son compagnon Matthew Smith, et un troisième homme, James Jacobson, Mike Jeffries est accusé de proxénétisme et de trafic aux fins d’exploitation sexuelle.

L’ancien patron de la marque Abercrombie & Fitch Mike Jeffries, photographié ici en 2005 à New York.Michael Loccisano/Getty Images

INTERNATIONAL – La BBC avait révélé l’imposant « trafic sexuel » mis en place par l’ancien PDG de la marque de prêt-à-porter américaine. De premières répercussions judiciaires ont été annoncées aux États-Unis ce mardi 22 octobre contre Mike Jeffries, ex-patron d’Abercrombie & Fitch, accusé et arrêté au même titre que son compagnon Matthew Smith et un troisième suspect pour trafic aux fins d’exploitation sexuelle et proxénétisme.

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Voici ce que l’on sait de cette enquête à New York annoncée ce mardi par le procureur fédéral Breon Peace. Une enquête et des arrestations d’ailleurs décrites par une avocate de victimes comme d’une « importance monumentale pour les aspirants mannequins masculins qui ont été victimes de ces individus ».

· Un système de « promotion canapé »

Mike Jeffries « a utilisé son pouvoir, sa richesse et son influence pour exploiter des hommes pour son plaisir et celui de son compagnon Matthew Smith », a déclaré le procureur du district est de New York ce mardi.

L’enquête de ce parquet fédéral new-yorkais porte sur le recrutement, daté entre 2008 et 2015, d’aspirants mannequins pour la célèbre marque. Une fois recrutés, ils étaient alors contraints de participer à des fêtes où ils devaient prendre des drogues, de l’alcool et du Viagra pour se livrer à des actes sexuels.

Le procureur a d’ailleurs décrit un système classique de « promotion canapé », dans lequel l’intermédiaire du couple, James Jacobson, « recrutait » et « testait » des jeunes hommes dans le monde entier avant de les livrer à Mike Jeffries et Matthew Smith.

· Des poursuites contre Abercrombie & Fitch ?

Les faits reprochés aux trois hommes se déroulaient dans des résidences du couple dans la région de New York. Mais aussi dans des hôtels en Angleterre, en France, en Italie ou au Maroc. Et lorsque les hommes recrutés « n’étaient pas consentants ou n’étaient pas en état de le faire, Mike Jeffries et Matthew Smith violaient leur intégrité corporelle en les soumettant ou en continuant à les soumettre à des contacts sexuels intrusifs et violents » a expliqué le procureur.

L’implication de la marque dans cet engrenage reste encore à déterminer, mais pour l’avocate Brittany Henderson, qui représentant certains plaignants au civil, elle compte tenir « Abercrombie & Fitch responsable d’avoir facilité ces terribles actes ». Une manière, selon elle, de s’« assurer que cela ne se reproduira plus ». « Leur combat pour la justice ne s’arrête pas là », a-t-elle également lâché ce mardi.

· Des révélations de la BBC

Des révélations chocs qui avaient été initialement dévoilées par un documentaire sous forme d’enquête de la BBC en 2023. Plusieurs hommes victimes du couple et de son complice révélaient avoir signé des contrats de confidentialité à propos de ces fameuses fêtes sexuelles organisées par le puissant homme d’affaires.

Au total, huit hommes avaient témoigné pour le média britannique. Certains d’entre eux estimaient avoir été exploités, voire maltraités. Mais ils indiquaient surtout avoir été induits en erreur sur la nature même de ces événements rétribués. Et si certains savaient qu’ils impliquaient des rapports sexuels, ce n’était pas le cas de tous.

· Scandales à la pelle

Cette action en justice illustre la lente chute de Mike Jeffries, dont la marque avait déjà été mise à mal en 2022 par un documentaire Netflix, intitulé Abercrombie & Fitch : Une marque sur le fil, mettant en cause les méthodes d’A & F ces dernières décennies.

Débarqué fin 2014 de son poste à la tête Abercrombie, non sans un parachute doré de 25 millions de dollars, Mike Jeffries n’avait pas résisté à la polémique déclenchée par ses propos sur les « gros », indignes, selon lui, de porter les vêtements frappés du « A » et du « F ». Dans les mois suivants, l’entreprise avait renoncé à l’une de ses marques de fabrique : les mannequins aux torses sculpturaux et les vendeuses aux tailles de guêpe vêtues très court pour appâter les clients dans ses magasins.

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