Le chanteur Florent Pagny a annoncé, lundi 12 août 2024, avoir été victime d’une arnaque « deepfake », une escroquerie en vogue qui consiste à se faire passer pour une célébrité pour soutirer de l’argent à ses fans. Cette technique abordable et bien rodée fait les petits pains des escrocs qui utilisent l’intelligence artificielle pour que la victime n’y voie que du feu. Un expert nous explique le phénomène.

Le chanteur français Florent Pagny assiste à Paris le 8 mars 2022 à l’émission télévisée en direct « Unis pour l’Ukraine » visant à soutenir le peuple ukrainien et toutes les populations touchées après l’invasion de l’Ukraine par la Russie. | JULIEN DE ROSA/AFP

C’est un phénomène grandissant sur Internet. L’arnaque au deepfake, un procédé rendu possible par l’intelligence artificielle qui permet à son utilisateur de se faire passer pour n’importe qui et dire n’importe quoi. Ce lundi 12 août 2024, c’est le chanteur Florent Pagny qui a alerté sur ce danger après que des fausses vidéos de lui ont circulé sur internet. Une de ses fans s’est d’ailleurs fait escroquer « quelques centaines d’euros » par ce procédé. On vous en dit plus sur ce nouvel outil convoité par les escrocs.

Pourquoi parle-t-on de « deepfake » ?

Les arnaques au deepfake sont réalisées grâce à des vidéos et des technologies de clonages de voix pour reproduire à la perfection la diction et l’élocution de la personne usurpée afin de se faire passer pour elle. « En s’appuyant d’une vidéo source, l’algorithme va tracer un quadrillage pour repérer les éléments essentiels comme le nez ou la bouche et venir le greffer à un texte créé sur-mesure et le timbre de la voix », nous explique Gerald Holubowicz, journaliste spécialiste du sujet et enseignant à Sciences Po. « La synchronisation du son de la bouche s’effectue avec la piste audio. »

En clair, l’arnaque au deepfake permet de détourner l’image d’une personne lésée et sert d’appât pour piéger les internautes. Les célébrités sont particulièrement visées, car les ressources les concernant profilèrent sur Internet et parce qu’elles incarnent une figure de confiance pour les victimes. C’est à travers ce procédé qu’une fan de Florent Pagny s’est laissé convaincre par une vidéo du chanteur. « Bonjour Catherine, j’espère que tu vas bien. Je fais cette petite vidéo pour t’informer que c’est bel et bien à moi que tu parles et pas ces pirates qui se font passer pour moi », peut-on entendre dans cette vidéo partagée par Florent Pagny. « C’est ma voix, c’est moi qui parle, mais je n’ai jamais filmé ça. C’est le film que j’ai fait en 2022 pour annoncer mon problème et annuler la fin de ma tournée. Avec l’intelligence artificielle, ils sont capables de faire ça. Ce sont des ordures », poursuit-il.

Le « deepfake » représente-t-il une réelle menace ?

Si Florent Pagny précise que son admiratrice s’était fait escroquer « quelques centaines d’euros », le niveau de réalisme de cette vidéo est tel qu’il pourrait générer des sommes bien plus importantes. « Plus c’est sophistiqué, plus ça rapporte gros », confirme Gerald Holubowicz.

D’autant plus que la réalisation d’une vidéo « deepfake » représente une somme relativement abordable. « Il faut certes un peu de technique mais une bonne arnaque n’est pas chère à monter », estime le spécialiste pour qui la production d’une telle vidéo avoisine en moyenne les 75 €. La menace du deepfake repose surtout sur le ciblage pointilleux des arnaqueurs pour trouver leurs victimes. C’est notamment sur Facebook ou par textos que sont véhiculées ces vidéos destinées à « un public pas toujours au fait des nouvelles technologies ».

Comment s’en prémunir ?

« Il n’y a pas de miracle », soutient Gerald Holubowicz. Pour détecter l’arnaque, le spécialiste rappelle les inconditionnels pour protéger ses données personnelles : « Peu importe le contenu et le destinataire, (il) ne (faut) jamais donner de l’argent à qui que ce soit sur Internet », avance-t-il, excluant les transactions commerciales sécurisées.

« Vous ne pouvez pas imaginer une seconde qu’un artiste, une personne publique, puisse vous donner, par le biais des réseaux sociaux, un numéro de téléphone ou un contact », avait plus fermement évoqué Florent Pagny.