De Dalida à Kendji Girac, Julien Doré sort un album de reprises : “Je savais que j’allais faire marrer mon fils et peut-être quelques enfants”
Tous les jours, une personnalité s’invite dans le monde d’Élodie Suigo. Vendredi 8 novembre 2024 : l’auteur, compositeur, interprète et comédien, Julien Doré. Il sort aujourd’hui un album de reprises “Imposteur” et débutera une tournée en mars prochain.
Le chanteur Julien Doré, le 20 novembre 2022. (GUILLAUME BONNAUD / MAXPPP)En 2007, la France découvrait Julien Doré (Nouvelle fenêtre)et l’adoptait presque, le propulsant au rang de grand gagnant de la cinquième saison de l’émission de M6, “Nouvelle Star”. Huit ans plus tard, il remportait un prix aux Victoires de la Musique. Cette fois-ci, il s’est réapproprié – dans des versions personnelles mais pas confidentielles – les titres d’artistes qu’il a particulièrement aimés. Le résultat est dans le nouvel album qui sort aujourd’hui : Imposteur.franceinfo : Est-ce que vous avez le sentiment d’imposture ?
Julien Doré : Le sentiment d’imposture est présent un peu comme une vitamine. Le fait de douter, c’est important pour moi parce que ça signifie que si je le fais, c’est que je ne m’endors pas. C’est pour moi une forme de respect que de douter de ma place par moments. Ce n’est pas simplement un sentiment de légitimité ou d’imposture chez les artistes, c’est vraiment une question qui est celle de l’être humain aujourd’hui sur cette planète, dans un monde assez bête, violent, etc.
L’imposture est partout et c’est ce qu’on ressent à travers votre démarche avec la présence de certains invités. Vous nous aviez déjà cueilli avec Pamela Anderson. On avait malheureusement vécu les images très sexistes de cette Assemblée nationale quand elle était venue lutter contre le gavage des oies. Et j’ai l’impression qu’il y a aussi cette démarche-là encore avec Sharon Stone, dont l’image est toujours attaché à Basic Instinct.
Effectivement c’est souvent surprenant de se rendre compte à quel point des figures iconiques féminines ont été marquées à chaque fois par l’homme, par le masculin. Et je me rends compte que ces schémas se répètent.
“Ce que je trouve extrêmement beau, c’est que contrairement aux hommes, ces femmes ne se servent pas de leurs blessures d’un point de vue médiatique. Je repense à Pamela Anderson, ce sont des femmes qui encaissent de longues périodes de vie.”
Julien Doré
à franceinfo
Je pense aussi à Hélène Ségara qui est présente dans l’album. Enfin à toutes ces discussions que j’ai eues avec ces femmes qui, à aucun moment, n’ont laissé transparaître des choses absolument épouvantables dont elles auraient pu se servir pour toucher ou simplement expliquer, se libérer de quelque chose.
Quand on parcourt cet album Imposteur, on se rend compte que c’est avant tout un hommage fait aux femmes. Sur cette chanson avec Sharon Stone, Parole parole, il y a une espèce de sensualité, comme à l’intérieur de tout l’album, un jeu de séduction mais qui n’est absolument pas malsain.
Quand on écoute Delon et Dalida, on entend cette voix de Delon, parlée, très posée. On l’entend presque à distance, presque d’une façon supérieure comme si Dalida l’écoutait. Et de par son “parole, parole, encore des mots, toujours des mots“, il y avait comme un : “Arrête, ne me piège pas.” Et je trouvais hyperintéressant de faire chavirer ce rapport-là, ce rapport de force au sens de séduction. Je trouvais intéressant que ce soit une femme et particulièrement Sharon Stone qui drive un peu cette histoire à cette chanson.
Je me demandais quel était votre rapport aux femmes de votre vie. L’album Aimée, c’était le prénom de votre grand-mère, que vous aimiez énormément, disparue à l’âge de 102 ans. Votre mère, malheureusement, est partie en 2022. Qu’est-ce que ces femmes vous ont apporté ?
Je sors d’un album de chansons originales et en fait, je vis une tournée où je deviens papa. Si je me mettais au piano, là, pendant quelques semaines, quelques mois, quelle serait la matière avec laquelle je ferais des nouvelles chansons ? J’écrirais sans doute sur ma mère, sur ma grand-mère, en tout cas sur le deuil, sur la mort.
“Il y a eu ce déclic de me dire que, s’il y a un moment idéal pour faire ce projet d’album de reprises, je crois que c’est maintenant.”
Julien Doré
à franceinfo
Dans cet album, il y a du Frank Sinatra et on découvre Ah les crocodiles, ça c’est votre patte ! Vos yeux d’enfants apparaissent et aujourd’hui, il y a ceux de votre fils. Vous avez ce besoin de transmettre ça ?
Bien sûr. Et puis je ne me voyais pas, dans cet album de reprises, ne pas reprendre une chanson qui lui parlait, à lui, immédiatement. Et je savais que j’allais faire marrer mon fils et que j’allais peut-être faire marrer quelques enfants et peut-être même recevoir des messages. Et ça a été le cas de parents qui m’ont dit: “On en avait tellement marre de la version originale qu’on se devait d’écouter, et que celle-ci nous fait quand même un peu de bien et nous amuse même, nous, en tant que parents.”