Entretien exclusif avec Samuel Le Bihan pour le retour d’Alex Hugo sur France 3
La semaine dernière, nous vous partagions la première partie de notre entretien avec Samuel Le Bihan pour la reprise d’Alex Hugo sur France 3. Aujourd’hui, découvrez la suite de cette interview exclusive.
François Lefebvre / France Télévisions
Pour son grand retour sur France 3 mardi dernier, Alex Hugo a rassemblé les foules : près de 5,5 millions de personnes étaient devant leur écran pour suivre le flic montagnard dans de nouvelles aventures inédites. Ce soir dès 21h10 sera diffusé l’ultime épisode de la saison 7, « La fille de l’hiver », dont vous pouvez lire la critique ici. A cette occasion, nous vous proposons de découvrir la suite et fin de notre entretien avec Samuel Le Bihan, qui nous parle avec un enthousiasme non-dissimulé de la série et de son personnage.
Dans l’épisode de la semaine dernière, Alex commençait à craquer psychologiquement. Or dans celui de ce soir, il redevient fidèle à lui-même, comme si rien ne s’était passé… N’est-ce pas déroutant ?
Oui mais on est comme ça dans la vie aussi, on fonctionne par cycles. À certains moments on va très bien, à d’autres on va moins bien. De même qu’il y avait un moment très sombre [dans l’épisode de la semaine dernière] mais voilà, il est passé par d’autres phases. En plus, ici il y a une urgence, il faut sauver la vie de gens, celle de ses potes. Il faut s’en sortir. Face à l’urgence, on n’a pas les mêmes priorités.
Donc la noirceur qu’on a commencé à entrevoir en Alex pourrait être développée plus tard ?
Oui j’aimerais bien. Cela ne peut pas être à chaque épisode parce que ce serait pesant mais il faut que ce soit exploité. J’ai besoin de le connaître un peu plus sur sa part d’ombre.
L’épisode de ce soir s’inscrit dans une ambiance complétement différente du précédent puisque la dimension psychologique cède sa place à l’action et au suspense. C’est la force de la série de changer de registre à chaque épisode ?
Tout à fait, bien sûr ! C’était le risque mais c’est devenu sa force. Ce qui permet à la série de se renouveler en permanence, c’est d’aller sur des territoires complètement différents à chaque fois avec des scénaristes et des réalisateurs différents. Il n’y a pas non plus de musique, de générique attitrés dans Alex Hugo. On a ce protagoniste, cette montagne et des personnages qui l’entourent. Comme c’est un flic, il y a quand même cette notion de polar mais pas systématiquement. Parfois on va effectivement être un peu plus social, parfois plus aventureux. On peut tout se permettre et c’est ce qui en fait sa richesse.
Tout se permettre même en restant enfermés dans le format « procedural » de la série ? Car chaque épisode a sa propre enquête et peut se regarder indépendamment des autres. N’êtes-vous pas limité par rapport à cette question du format ?
Non car l’inverse limiterait aussi ! Si ça devenait feuilletonnant, ça limiterait aussi. C’est la règle du jeu qui a été imposée sur Alex Hugo, c’est une décision de production. Ça a ses avantages et ses inconvénients.
Du coup, ce serait possible de voir une intrigue qui se suit sur plusieurs épisodes ?
On pourrait avoir une intrigue qui se suit sur deux épisodes par exemple, pourquoi pas. Ce serait tout à fait imaginable qu’on ait une version assez longue sur deux épisodes qui serait presque l’équivalent d’un 4 x 52 minutes. C’est envisageable mais il faut que ce soit une décision de production. Ce serait sûrement intéressant !
Dans l’ensemble, les meilleurs épisodes sont ceux avec le plus d’émotion et de sujets sensibles. Avez-vous un préféré ?
J’aime beaucoup « La fille de l’hiver », celui de [ce soir]. J’ai aussi beaucoup aimé « L’homme perdu ». Magie [de la télévision] : il s’est mis à neiger pendant qu’on tournait. Cela a donné quelque chose de très puissant. C’est l’histoire d’un mystérieux ermite dans la montagne qu’on avait oublié et qui va finalement revenir parce qu’il va sauver la vie d’Alex Hugo. Il y a deux enquêtes qui se croisent : celle sur la vie de cet ermite -qu’est-ce qu’il s’est passé dans sa vie pour qu’il en arrive là ?- et celle d’Alex Hugo qu’on a voulu tuer. Les deux enquêtes vont se croiser pour donner quelque chose que j’aime : la quête de cet homme qui s’inflige une punition à vivre dans la montagne et qui en même temps fascine Alex Hugo parce qu’il envie cette liberté. Sauf qu’Alex Hugo fantasme la liberté absolue de cet homme qui vit en totale autonomie dans la montagne et qui s’inflige de vivre séparé de l’humanité. Ça croise deux idéaux complètement différents, deux destins. En fait, ça parle du destin, ça parle du moment où notre vie peut basculer, ça parle de la fragilité de l’existence, toujours avec cette nature omniprésente très forte, très belle et avec la neige qui est apparue pendant qu’on était en train de tourner qui a créé une autre dimension dans le décor.
Il y a aussi l’épisode « Soleil noir » avec cet individu un peu bizarre qu’on accusait d’avoir enlevé une petite fille. Effectivement, ce sont des épisodes où dans le fond, l’enquête, on s’en fiche un peu. Ce n’est pas le polar qui nous intéresse, c’est toute l’humanité qui se dégage autour de ça. Le polar est un prétexte à parler de choses sociales et intimes avec ce « géant » que tout accuse d’avoir enlevé un enfant, de l’avoir tué peut-être… J’aime bien quand toutes les apparences sont contre quelqu’un. Alex Hugo va plus loin, il dit « non » à la fois de façon instinctive et aussi parce qu’il sait lire des détails troublants dans les choses et raccorde les éléments entre eux, mais également parce qu’il lit l’humanité derrière les faits, derrière les individus, et c’est ce qui marque sa différence. C’est aussi ce qui est très beau dans sa relation avec Angelo Batalla (Lionnel Astier) qui applique la loi, qui est son supérieur, qui porte un uniforme et qui pourtant défend ce mec qui part à droite à gauche dans la nature, qui est habillé comme il l’entend et par moment, il est obligé de le couvrir et de mentir en disant « Oui, je sais où il est. Je vais l’appeler » alors qu’en fait, il ne sait pas où il est, il n’arrive pas à le joindre… Je trouve que c’est une très, très belle relation !
Oui, c’est prévu pour septembre. Je ne connais pas l’histoire mais en tout cas, ce sera sur le territoire d’Alex Hugo. C’est Candice Renoir qui vient à la montagne et non pas moi qui vais à Sète. Et c’est quand même Cécile Bois (l’interprète de Candice, ndlr) donc voilà !
Ça risque de détonner entre les deux personnages, vu leurs tempéraments diamétralement opposés !
Ah mais j’espère qu’il y aura de la friction sinon cela ne sert à rien ! Il faut qu’ils s’engueulent un peu ! Et puis elle a un caractère de chien (rires) ou c’est peut-être Alex Hugo qui a un caractère de chien ! Il faut qu’il y ait de la friction, que ca s’engueule, qu’il y ait deux personnalités fortes qui s’opposent et qu’il y ait un passé qui se raconte, une découverte. J’en attends beaucoup !
Dans cette huitième saison à venir, on assistera aux départs de Lionnel Astier (Angelo) et Marilyne Canto (Dorval). Un petit mot à ce sujet ?
J’étais très heureux de tourner avec eux, je les adore ! On s’éclate, on adore jouer ensemble, on se marre beaucoup. Aujourd’hui, ils ont du succès, ils ont beaucoup de propositions, c’est leur moment. Ils ont aussi envie de faire autre chose parce qu’on leur propose des supers projets et pour ça, ils ont besoin de dégager du temps. C’est leur moment, voilà tout !
De votre côté, qu’est ce qui pourrait vous décider à arrêter la série ?
Ce serait l’ennui, le ronronnement.
Le confort ?
Non non, pas le confort. On n’est pas obligé de travailler dans la souffrance ! Mais le ronronnement, ça c’est terrible, parce que là je m’ennuie, je m’endors et je me demande ce que je fais là… J’aime quand j’ai des enjeux, des défis, de l’émotion à aller chercher, des gens à rencontrer, des choses à vivre. Le tournage d’Alex Hugo, c’est un truc qui se vit. Vraiment. Quand on est en pleine nature, on est en direct avec elle. Donc tant que ça se vit, moi ça me va.
Si vous deviez rempiler dans une série après Alex Hugo, qu’est-ce qui vous motiverait ?
Du jeu ! Pour l’instant, je suis en train de développer des unitaires et ce qui m’intéresserait, c’est de jouer un avocat. J’ai envie de faire une plaidoirie, c’est un défi d’acteur où seul le mot, le verbe doit convaincre, doit emmener les gens.
Des unitaires, ça reste de la télévision ! Vous n’aimeriez pas revenir au théâtre ou au cinéma ?
Théâtre, je n’ai pas le temps car je fais trop de choses… Mais le cinéma, j’en ai fait un peu cette année. J’ai joué dans « Mon chat », une comédie de Cécile Telerman avec Pascal Elbé et Zabou Breitman. On a beaucoup rigolé, c’était super sympa à tourner ! Ce sera un film de cinéma à venir.