Kendji Girac: alcool, cocaïne, dispute et «simulation de suicide»… ce qu’a dit le procureur

Kendji Girac: alcool, cocaïne, dispute et «simulation de suicide»… ce qu’a dit le procureur

Olivier Janson, le procureur de la République de Mont-de-Marsan (Landes), a donné une conférence de presse ce jeudi après-midi.
Kendji Girac a été blessé par balle ce lundi. PHOTO ARCHIVES ÉDOUARD BRIDEKendji Girac a été blessé par balle ce lundi. PHOTO ARCHIVES ÉDOUARD BRIDE – VDNPQR

Le procureur de la République de Mont-de-Marsan (Landes) a fait le point sur l’enquête pour « tentative d’homicide volontaire » ouverte après la blessure par balle du chanteur Kendji Girac, touché au thorax lundi matin.

Olivier Janson a rappelé que le SAMU est appelé à 5h24 du matin. Les pompiers arrivent 11 minutes plus tard sur un camp de Biscarosse. Quelques minutes plus tard, la gendarmerie est alertée d’une suspicion de blessure par balle. Les premiers agents arrivent sur place peu après 6 heures dans un camp qui est «plongé dans le noir».

«Une forme d’omerta»

«Il y a une forme d’omerta» à l’arrivée des gendarmes sur place, a pointé Olivier Janson. Les premières auditions de témoins font ressortir différentes versions de la blessure de Kendji Girac. «L’un des pompiers pense quant à lui qu’il peut s’agir d’une tentative d’homicide, du fait de l’attitude un peu fermée des personnes présentes et du déplacement manifeste du blessé», a détaillé le procureur de la République.

Un enquêteur de la brigade des recherches arrive sur place à 6h35. «On lui explique qu’il ne s’est rien passé et qu’il n’y a rien à voir» mais l’enquêteur explique «que les gendarmes ne partiront pas et qu’ils ont bien l’intention de savoir ce qu’il s’est passé». «L’ambiance devient assez tendue, toutes les personnes ont refusé de donner leur identité, aucune arme n’est visible» à ce moment-là», raconte Olivier Janson.

Une enquête est ouverte dès le lundi matin, les enquêteurs n’avaient alors pas connaissance que la victime était Kendji Girac. Il sera identifié qrâce à la plaque d’immatriculation de sa Porsche Cayenne.

Quatre hypothèses envisagées

Plusieurs hypothèses sont envisagées: des «violences» d’une personne extérieure au camp ou d’un proche, celle d’une tentative de suicide et celle d’un accident, «l’option qui revient parfois dans la bouche des personnes présentes».

Les analyses de la blessure ont indiqué qu’il s’agissait d’un «tir à bout portant», «relativement proche». «Les conséquences auraient pu être plus graves (…) La balle est passée à proximité immédiate du cœur. C’est un tracé presque miraculeux, car il n’a touché aucun organe vital», a affirmé Olivier Janson.

Des «difficultés» rencontrées

Les enquêteurs ont connu «quelques difficultés» pour travailler le lundi matin, notamment parce que la caravane du chanteur était fermée. Ils retrouvent tout de même un impact de balle à l’extérieur de celle-ci, «un impact de l’intérieur vers l’extérieur».

Les techniciens ont pu entrer vers 10 heures, lorsque la compagne de Kendji Girac est revenue sur place. Ils ne trouvent d’arme ni à l’intérieur ni à l’extérieur.

Malgré son état, Kendji Girac parle vers huit heures du matin à un enquêteur et évoque – «dans un récit spontané» – «un accident». «J’ai tourné le canon vers moi et le coup est parti», a-t-il assuré.

L’arme retrouvée grâce au père de Kendji Girac

L’arme est finalement retrouvée après un échange entre le père de Kendji Girac et le directeur d’enquête. «En visio, une personne non identifiée a expliqué aux gendarmes où l’arme pouvait être retrouvée.» L’arme, un pistolet à répétition semi-automatique de 1911, «très répandue», est retrouvée, mais pas le chargeur. Il sera retrouvé – vide – plus tard. La balle a été retrouvée ce jeudi.

«Le fonctionnement de l’arme est parfaitement correct», ont montré les analyses. «L’arme possède deux sécurités et trois sûretés, manuelles (…) Un coup ne peut pas partir tout seul», a indiqué le procureur de la République. «Conclusion: un accident est jugé impossible.»

L’arme a été touchée par plusieurs personnes après les faits, «une pollution qui a mis un frein à l’enquête», a regretté Olivier Janson, qui a aussi mis en doute l’argument selon lequel l’arme aurait été achetée dans une brocante.

Un dimanche soir au casino

Kendji Girac était sur le camp de Biscarosse depuis plusieurs jours, sa femme sa fille l’ont rejoint en milieu de semaine. Le dimanche 21 avril au soir, «un groupe d’une quinzaine de personnes, essentiellement des jeunes qui n’ont pas été identifiés», se rendent au casino de Biscarosse. Kendji Girac les rejoint, sans sa femme. Le groupe quitte l’établissement vers 23 heures. Le chanteur revient au camp «vers 23h20, 23h30».

Les témoignages ne sont pas les mêmes «sur la consommation d’alcool» de Kendji Girac sur la journée du dimanche. «La réalité c’est qu’il a beaucoup bu, il va boire beaucoup au repas du midi et boire beaucoup pendant la soirée couscous», a déclaré Olivier Janson.

Des «tensions» à cause de l’alcool

Le coup de feu est tiré peu après cinq heures du matin. La compagne de Kendji Girac, Soraya Miranda, a été entendue. Elle a notamment évoqué ses difficultés à se faire intégrer «dans la communauté». Elle a également affirmé qu’elle avait signifié à son compagnon que c’était «la dernière année» de voyage pour eux, car elle ne voulait pas que sa fille rate plusieurs jours d’école.

«Des tensions sont apparues au sujet de l’addiction à l’alcool» de Kendji Girac, qui serait aussi «un consommateur régulier de cocaïne, à raison d’une ou deux fois par semaine», a souligné le procureur. Les analyses ont confirmé la consommation de cocaïne et «sont compatibles avec une alcoolisation massive». «Le taux d’alcool était à 2,5g/L dans le sang» à cinq heures du matin.

Soraya Miranda a confié qu’il était rentré à 2h35 du matin, «manifestement ivre». Les deux ont eu une dispute à ce sujet. «Elle était surtout énervée qu’il ait réveillée leur fille.» Le chanteur aurait décidé d’aller dans sa voiture, où il aurait mis la musique «très forte». Sa compagne lui a envoyé plusieurs messages, avant que Kendji Girac décide de partir en voiture. Il serait allé au bout du camp pour moins déranger.

Une dispute avec sa compagne

Il revient dans sa caravane à 3h30, va parler à sa fille. «Lorsque l’enfant est en train de se rendormir, il la réveille à nouveau en lui parlant.» Soraya Miranda lui aurait alors expliqué qu’il allait falloir partir, «que ce sera soit elle soit lui mais que l’un des deux va devoir partir.»

Alors qu’elle est dans la chambre avec sa fille, elle entend «un coup de feu» dans la pièce voisine. «Elle voit Kendji Girac, un genou à terre, gémissant, et sent une odeur de fer.» Elle s’est rendue dans la caravane voisine pour demander qu’on appelle les secours. «Elle entend le groupe lui demander de ne pas expliquer ce qu’il s’est passé.»

L’artiste entendu mercredi

Selon sa compagne, l’artiste aurait lui aurait déjà affirmé qu’il allait «se mettre une balle».

Kendji Girac a été entendu mercredi, pendant deux heures. Il a reconnu une consommation excessive d’alcool et «deux petites traces de cocaïne» à son retour du casino. «Il se souvient de la scène où sa femme lui dit qu’elle veut partir.» Il se souvient ensuite avoir acheté une arme récemment et parle d’une «impulsion», pour «faire peur à sa femme».

«Il a simulé un suicide, dit-il», a indiqué le procureur. «En aucun cas c’est ma femme qui m’a tiré dessus», a déclaré le chanteur. «Je voulais qu’elle entende la bruit de la détente, qu’elle me dise d’arrêter.» Il aurait déclaré ne pas savoir qu’il y avait des balles dans le chargeur.

Kendji Girac a indiqué qu’il avait acheté l’arme le 18 avril., sur le camp. Il est revenu sur sa version initiale d’un achat dans une brocante.

Le «tabou» du suicide

Olivier Janson a indiqué que dans la communauté des gens du voyage, le suicide était «un tabou», notamment pour des raisons religieuses. «Ce type d’acte existe chez les gens du voyage, comme partout, mais c’est difficilement admis.» Un membre de la famille du chanteur, gravement malade, s’est suicidé en mars 2024, a pointé le procureur de la République.

Plusieurs expertises doivent encore être menées. «À ce stade de l’enquête, un tir qui aurait été réalisé par un tiers est donc écarté», a affirmé le procureur. «Aucun élément ne va en ce sens». Au moment du tir, le chanteur était très proche d’une paroi, il ne pouvait pas y avoir une tierce personne entre la paroi et lui. Il s’agirait donc d’une «simulation de suicide» ou d’une «tentative de suicide» de Kendji Girac.

L’interprète de Color Gitano et Andalouse – qui pratique le tir et «connaît le maniement d’une arme de poing» – était toujours hospitalisé mardi soir au centre hospitalier Haut-Lévêque à Pessac, au sud-ouest de Bordeaux, où il avait été transporté « dans un état grave, bien que conscient ». Après une opération lundi soir, Kendji Girac allait mieux. «Il va certainement mettre plusieurs mois à retrouver la pleine possession de ses moyens», a indiqué Olivier Janson.

Avoir des pensées suicidaires n’est pas anodin. Des professionnels sont à votre écoute dans les hôpitaux ou dans les centres médico-psychologiques. N’hésitez pas à contacter votre médecin traitant, à composer le 15 ou appeler une ligne d’écoute comme Suicide écoute (01 45 39 40 00) ou SOS amitié (09 72 39 40 50). Ou le Fil santé jeunes, un numéro anonyme et gratuit, au 0800 235 236, de 9 h à 23 h chaque jour.

 

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