Samuel Le Bihan sans filtre sur l’avenir de la série Alex Hugo : “Il ne faut pas trahir les téléspectateurs”
François LEFEBVRE – FTVLe héros d’Alex Hugo, papa d’une enfant autiste, incarne, dans la fiction Tu ne tueras point, un avocat prêt à tout pour défendre sa cliente, responsable de la mort de sa fille, lourdement handicapée. Un rôle militant pour un acteur qui l’est tout autant.
Vous êtes à l’origine de ce téléfilm. C’est un sujet qui vous est cher, puisque votre fille, Angia, aujourd’hui ado, est autiste. Comment est née l’histoire de cette mère désespérée au point de commettre le pire ?
Samuel Le Bihan Je cherchais un sujet depuis longtemps, et je suis tombé sur des articles de presse. C’est quelque chose de très rare, mais qui arrive à peu près tous les dix ans : une mère abandonnée, à bout de force, n’ayant plus de solution, et voyant son enfant souffrir, prend la décision de mettre fin aux jours de celui-ci. C’est un geste extrêmement désespéré. J’ai voulu travailler sur ce sujet parce qu’il n’est pas abordé au cinéma ou à la télé. Et j’ai aimé mon personnage, cet avocat laissé pour compte, qui est passé à côté de sa carrière, et qui se retrouve avec un vrai défi à relever. Cette histoire va lui permettre de grandir et de faire évoluer le regard de la société sur le handicap.
On doit beaucoup vous demander si vous comprenez le geste de cette mère…
Et je crois que je n’ai pas la réponse, car on ne peut pas imaginer ce qu’elle a vécu. L’idée du téléfilm n’est pas de comprendre, mais de regarder en face certaines réalités et de se poser des questions par rapport à notre société. Comment est-elle constituée aujourd’hui ? Où en est-on dans notre humanité ? De gros effort sont été accomplis sur le dépistage de l’autisme en France, sur l’accompagnement des enfants, notamment à l’école. Le combat, aujourd’hui, concerne les autistes adultes. Quel avenir auront-ils quand nous, parents, ne serons plus là pour eux ?
Comment avez-vous réagi quand vous avez découvert l’autisme de votre fille, en 2013 ?
Je n’ai pas pensé à moi, mais à elle. Je me suis dit que ce serait plus dur pour elle de trouver sa place dans la société que pour les autres. Le premier travail a été de la sortir de sa bulle. M’occuper de ma fille m’a demandé un certain engagement, mais sa situation a énormément évolué. Aujourd’hui, elle entre dans l’adolescence, elle a des copines, va à l’école. Elle est courageuse, elle me donne de vraies leçons de vie.
Alex Hugo est arrivé à un moment de votre carrière où le cinéma vous délaissait…
Oui. À cette époque, je ne bossais plus du tout. Et ce rôle est arrivé comme un cadeau. C’était d’abord un unitaire, j’étais très heureux. Je me suis remis en action tout de suite, j’ai retrouvé le plaisir de travailler un personnage. Et ça s’est très bien passé, puisque le téléfilm a eu beaucoup de succès et qu’on nous a proposé de le décliner en série. Alex Hugo a changé beaucoup de choses dans ma vie, il m’a reconnecté au succès et au public.
Vous vous voyez incarner le personnage d’Alex Hugo encore longtemps ?
Tant que la série a du succès, je pense que c’est bien de continuer, en essayant d’être le plus qualitatif possible, de garder une certaine exigence. C’est très important, car il ne faut pas trahir les téléspectateurs.
L’interview de Samuel Le Bihan est à lire en intégralité dans le nouveau magazine Télé 7 Jours. Disponible en kiosque dès ce lundi 25 mars.