Kendji Girac : “Je décevrais mon public si je devenais trop bling-bling”

Kendji Girac : “Je décevrais mon public si je devenais trop bling-bling”

 

S’il se confie, c’est sur le mode du puzzle: «Dans mes chansons, je prends des petits bouts de moi... J’en joue un peu.» 

Sa voix chaude, sa guitare et ses chansons font de Kendji Girac la star des seniors autant que des enfants.

Vainqueur de « The Voice » en 2014, il a sorti quatre albums, vendu près de quatre millions d’exemplaires, et a rempli deux fois Bercy.

À 24 ans, le jeune papa d’une petite Eva Alba, née en janvier, s’apprête à lancer une longue tournée.

Coup d’envoi les 19 et 20 juin au Palais des Sports de Paris.

L’endroit est calme. Quelques retraités s’offrent une balade matinale sur le sable.

Aucun Smartphone à l’horizon. Pas un influenceur de pacotille dans les parages. Soudain, pourtant, une vague d’adolescents déferle sur la plage de Saint-Aygulf, à Fréjus.

Les badauds ont beau s’amasser, les yeux rivés sur lui, Kendji Girac tient la pose, sans sourciller, à l’aise dans l’exercice de la séance photo, sûr de son pouvoir de séduction.

Perché sur Bo, le cheval prêté pour l’occasion, il garde le sourire, tente quelques boutades. Et n’hésite pas à plonger habillé dans une eau à 15 degrés.

Entre les prises de vue, il court vers les curieux pour offrir son plus beau profil. Une fillette s’avance, tremblante, un ticket de caisse froissé à la main. Il le signe. À peine a-t-elle remercié que, déjà, il a filé.

« C’est plus rapide de le faire que d’expliquer pourquoi on ne le fera pas », glisse l’idole des jeunes. Depuis sept ans et sa victoire dans l’émission « The Voice »,

Kendji Girac s’est habitué à ce public familial, parfois envahissant (des fans campent devant chez lui même les jours fériés !). Qui aurait cru que la communauté des gens du voyage aurait, un jour, un autre représentant que les Gipsy Kings ?

Écartons les clichés : Kendji a grandi en Dordogne et ne passe pas ses journées dans une caravane.

L’hiver, ses parents habitent une maison coquette ; seuls les étés sont nomades. Petit, il est bon élève, premier de sa classe, assidu. Il ne rêve que d’apprendre.

Grâce à ses racines catalanes, Kendji maîtrise aussi bien le français que le catalan, l’occitan et l’espagnol. Il est passionné de littérature et d’histoire de France. Dans sa famille, la musique a toujours animé les soirées.

Gamin, déjà, il chantait du Luis Mariano avec son père. « Je sais, ce n’est pas ma génération, mais j’adore l’opérette ! » s’exclame-t-il avec son accent du Sud. Le minot a de la voix.

Mais les saltimbanques qui l’entourent manient d’autres cordes. Ses cousins sont ses héros ; alors, comme eux, il jette son dévolu sur la guitare.

À 12 ans, il s’en fait offrir une et, pendant des mois, pratique sans relâche, jusqu’à maîtriser ses accords à la perfection. « J’ai tout de suite aimé l’idée de détourner la musique gipsy en version pop.

Pourquoi ce genre serait-il forcément vieillot ? » À 17 ans, Kendji reprend « Bella », le hit de Gims. Son oncle le filme, poste la vidéo sur YouTube.

Malgré la qualité médiocre de l’image, le nombre de vues décolle en quelques heures. À la même époque, les producteurs de « The Voice » écument le Web à la recherche de la perle rare.

Enchantés de cette trouvaille gitane, ils insistent pour que Kendji Girac passe une audition. On connaît la suite…

Ça n’a pas été facile pour mes parents, fatigués d’être reconnus et photographiés en permanence. Si c’était à refaire, je ne sais pas si je les exposerais à nouveau

Kendji aura été le seul candidat à déchaîner autant d’hystérie sur le plateau.

À chaque prime time, son nom est scandé. Le public lui a sauvé la mise semaine après semaine, pendant que son coach Mika, indifférent à cette ferveur, lui préférait ses concurrents.

Girac n’est pas simplement sorti gagnant en 2014 : il est devenu une star. « On m’interpellait partout : Kendji de “The Voice” ! “De The Voice” a été mon nom de famille pendant plusieurs mois ! »

Son premier album regorge de tubes. « Andalouse », « Color Gitano »… à 18 ans, le voilà qui rejoint le cercle des artistes ayant vendu plus de 1 million d’albums.

En coulisses, c’est une autre histoire. Il se retrouve à gérer les aléas de la célébrité.

 

Sa famille, exposée malgré elle, est entraînée dans le tourbillon médiatique. « Ça n’a pas été facile pour mes parents, fatigués d’être reconnus et photographiés en permanence.

Si c’était à refaire, je ne sais pas si je les exposerais à nouveau. » Et puis, il y eut l’épineux problème de ses cousins. Embarqués avec lui dans sa nouvelle vie glamour, ils utilisent son nom comme un sésame.

Les sorties de route sont nombreuses, et c’est Kendji qui paye l’addition. Encore, si leurs écarts étaient discrets… Mais, armés de leurs Smartphone, ils filment et partagent tous les détails croustillants de la vie de l’artiste.

Las de serrer la vis, Kendji les écarte discrètement. « Comprendre ce que ça implique d’être connu n’est pas évident. Un entourage solide est primordial dans ce métier. »

Je n’ai jamais vu ni pris de drogue. Évidemment, je fais la fête… mais je choisis avec qui

Désormais, il ne donne que ce qui lui chante et cache sa vie privée.

À commencer par sa compagne, Soraya, dont on connaît tout juste le prénom… Lui reste mutique sur sa chérie qui, il y a quelques mois, lui a donné une fille, Eva Alba .

À propos de cette dernière, il s’autorise les habituels « elle est merveilleuse », « c’est ma princesse », mais pas la peine de creuser. « Je comprends que ça intrigue, mais on ne la verra pas, martèle-t-il.

Si je pouvais ne pas en parler, je le ferais. Mon travail, c’est mon travail. Le reste me regarde. » Malin, l’homme s’est construit une armure insoupçonnable : celle d’un Ken au sourire figé, toujours content, jamais méchant.

Aussi clean que Mr. Propre. Ne cherchez pas un article sur ses éventuels déboires, un scandale en 280 caractères, une polémique débattue chez Cyril Hanouna… Il n’y en a pas.

« Les vautours », comme il les nomme, bien sûr qu’il les a croisés… « et soigneusement évités ».

« C’est ainsi que je me suis préservé. Je n’ai jamais vu ni pris de drogue.

Évidemment, je fais la fête… mais je choisis avec qui. » Même son uniforme est sous contrôle renforcé. Là où son ami Gims se montre « sapé comme jamais » en jet privé, Kendji opte pour la sobriété.

Les vêtements non griffés sont réservés aux projecteurs ; les montres imposantes et l’attirail Gucci, aux intimes. « Je ne veux pas afficher ce que je gagne. Je rêve d’une Ferrari depuis l’enfance, mais je ne l’achèterai pas.

Je suis un mec simple, mon public l’est aussi. Je le décevrais si je devenais trop bling-bling. »

Profil bas pour l’ambitieux qui rêve en silence de conquérir l’Amérique.

À l’aéroport de Nice, avant son vol pour Paris, pas question d’aller chercher la quiétude des salons réservés aux clients importants.

Il achète de la charcuterie dans une boutique où il a ses habitudes, la glissant dans son sac à dos qui coûte l’équivalent d’un smic, et s’installe sur un siège du terminal. Kendji Girac est comme tout le monde. Ou presque.

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