Il ne connaît pas vraiment le repos du guerrier.
Pourtant, Juan Martin Del Potro a rangé la raquette de tennis officiellement depuis février 2022 et un dernier match en guise de symbole lors de l’ATP 250 de Buenos Aires
. Il n’avait alors pas joué au tennis depuis plus de deux ans et demi à cause d’un satané genou que les passages par la case chirurgie n’ont jamais pu soulager.
Depuis, il n’a plus été sur un court, car la douleur ne l’a pas lâché.
Et à quelques jours d’une exhibition contre Novak Djokovic toujours à Buenos Aires (le 1er décembre) censée lui permettre de faire définitivement son deuil, l’Argentin s’est dévoilé à fleur de peau dans une vidéo postée sur les réseaux sociaux.
“Personne ne le savait, mais le jour suivant mon dernier match contre (Federerico) Delbonis, j’ai pris un vol pour la Suisse où j’ai subi ma 5e opération du genou.
Depuis, je n’ai plus parlé de mes opérations en public à nouveau : en disant que ce serait probablement mon dernier match en conférence de presse, j’ai trouvé quelque peu la paix.
Les gens ont arrêté de me demander constamment quand je reviendrai et je rejouerai. J’ai fait tout ça dans le secret, et si ça avait marché, j’aurais annoncé mon retour“, a-t-il révélé.
Depuis ma 1re opération en juin 2019, je n’ai pas été capable de monter les escaliers sans souffrir
Quand il avait posé symboliquement son bandeau sur la bande du filet après son 1er tour à Buenos Aires voici deux ans, Del Potro avait donc encore une lueur d’espoir.
Il n’était toujours pas prêt à renoncer à sa passion. “J’ai été en Suisse pendant deux mois, dans un village près de Bâle en rééducation et ça n’a pas marché.
Après deux mois et demi… j’ai subi ma 6e intervention. Je suis revenu aux Etats-Unis. Encore de la rééducation, plus de 100 injections partout, des infiltrations, de la souffrance quotidienne. Voilà ce qu’a été ma vie depuis ce match contre Federico“, a-t-il encore confié.
Pas épargné par les blessures, le vainqueur de l’US Open 2009 était pourtant toujours revenu avant que son genou ne grince. Malgré plusieurs opérations aux poignets, il avait su changer son revers, travaillant notamment son slice, pour évoluer à nouveau à très haut niveau.
Tant et si bien qu’en 2018, il avait remporté son premier Masters 1000 à Indian Wells face à Roger Federer, avant de retrouver la finale à Flushing Meadows, seulement vaincu par Novak Djokovic.
Numéro 3 mondial, son “comeback” forçait le respect jusqu’à cette chute anodine à première vue à Shanghai. Il s’était en fait fracturé la rotule, le début du calvaire. Huit mois plus tard, l’intervention chirurgicale s’imposait.
“Quand j’ai été opéré pour la première fois en juin 2019, le docteur m’a dit que je rejouerai trois mois plus tard.
Je me suis même engagé sur trois tournois indoor à la fin de l’année. Depuis, je n’ai jamais été capable de monter des escaliers sans souffrir. J’ai mal quand je conduis, j’ai souvent mal quand je vais me coucher. C’est un cauchemar sans fin.
Je cherche encore une solution. Tout a commencé avec cette première opération. À chaque fois que j’y repense, je suis ému, c’est terrible“, a-t-il soupiré.
Une prothèse à 33 ans seulement ?
Et la “Tour de Tandil” d’entrer dans les détails, toujours plus touchant. “Ma vie quotidienne n’est pas ce que je voudrais qu’elle soit. Je ne peux ni jouer au foot ni au padel. Ils m’ont privé de ce que j’aimais le plus, c’est-à-dire de jouer au tennis. C’est très dur. Il y a des moments où je n’ai plus de force. Je ne suis pas indestructible.
La plupart du temps, je prends sur moi et je fais semblant d’aller bien. Tous les jours quand je me lève, je prends 6 ou 7 cachets : des anti-inflammatoires et un pour l’anxiété.
Ces pilules m’ont fait prendre du poids, donc on m’a dit d’arrêter de manger certaines choses (…) J’ai été opéré 8 fois, par des docteurs du monde entier.
À chaque anesthésie, j’ai espéré que le problème serait résolu et après deux-trois mois, j’ai toujours appelé les docteurs pour leur dire que l’intervention ne marchait pas.”
Cabossé pour de bon, Del Potro pourrait même se faire poser une prothèse pour améliorer sa qualité de vie à seulement 33 ans.
Si certains docteurs préféreraient qu’il patiente jusqu’à la cinquantaine, ce délai a des allures de long chemin de croix pour l’intéressé.
“Depuis que j’ai 31 ans, je ne peux pas courir, frapper dans un ballon et je n’ai plus joué au tennis. Il faut que j’attende encore 15 ans comme ça ?” Décidément, la détresse de l’Argentin prend aux tripes
Et elle rappelle que le sport de haut niveau est d’une brutalité inouïe pour les corps, et pour certains bien plus encore que pour d’autres. Difficile de prendre un nouveau départ serein dans ces conditions.