INTERVIEW Thibault, gagnant de Koh-Lanta 2024 : “La venue de mon frère était l’élément indispensable à ma victoire”
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Le grand gagnant de Koh-Lanta, la Tribu maudite, c’est lui. Après plus de quarante jours de survie, Thibault a été sacré vainqueur face à Charlotte, ce mardi 3 décembre 2024. Pour Voici.fr, le père de famille corse est revenu sur son aventure exceptionnelle.
Rideau ! Après 41 jours d’aventure, c’est Thibault qui a remporté Koh-Lanta, la tribu maudite, ce mardi 3 décembre 2024. Salué par la majorité de ses camarades pour sa bienveillance et ses qualités d’aventurier, Thibault s’est confié longuement à Voici.fr sur les moments marquants de son aventure et sur sa victoire.
Voici.fr : Comment vous sentez-vous quelques heures après votre victoire ?
Thibault : Je suis très fatigué, la nuit a été courte. Je réalise petit à petit, mais il y a beaucoup d’émotion aujourd’hui. Dès que j’ai cinq minutes, je lis les messages que je reçois et ça m’émeut. Ma famille est restée un peu sur le plateau, j’ai célébré avec eux. Une quinzaine de membres de ma famille était montée, ça faisait plaisir, j’avais un bon comité corse, on a bien fêté ça !
Vous attendiez-vous à ce dénouement ?
J’ai ressenti une grande fierté, un grand bonheur, quand j’ai appris par Frédéric et Ugo qu’ils avaient pris l’initiative, à la résidence du jury final, de faire un gros travail pour que les autres aventuriers votent pour moi. C’est un grand honneur de savoir que j’étais soutenu par de si grands aventuriers.
Vous avez semblé très surpris que Charlotte vous choisisse après sa victoire sur les poteaux, pourquoi ?
J’étais totalement surpris, car elle a pris un gros risque. Sur le papier, elle avait plus de chance face à Ilyesse que face à moi. Nous étions aimés tous les deux mais les aventuriers auraient plus voté pour moi que pour Ilyesse. Elle a voulu montrer un acte de courage important, elle a aussi fait ça pour ses jeunes de l’association, montrer que parfois, il vaut mieux s’asseoir sur de l’argent pour montrer de belles valeurs.
En cas de victoire aux poteaux, auriez-vous eu la même logique que Charlotte, celle de choisir le dernier tombé ?
Le matin des poteaux, je leur ai proposé cette idée de choisir la dernière personne tombée, mais ils ont refusé. Ils considéraient qu’ils voulaient être maître de leurs destins et de leurs choix. J’étais un peu déçu, mais en même temps, je savais qu’ils prenaient un risque de me choisir si j’étais second. Je me suis alors dit que si j’avais un choix à faire, même si j’étais quasiment sûr que Charlotte l’emporterait, les poteaux n’étant pas ma tasse de thé, j’aurais choisi Ilyesse. Depuis le début, j’ai un objectif, amener mes alliés les plus historiques le plus loin possible. Ilyesse est le premier jaune allié à ma cause, Charlotte est arrivée par la suite. Si j’avais un choix à faire, ça aurait donc été à l’affect et j’aurais choisi Ilyesse, même si j’adore Charlotte.
Vous avez tenu plus de deux heures sur les poteaux. Comment avez-vous réussi à rester concentré ?
Je me suis fait un magnéto sur tout ce que j’avais fait sur Koh-Lanta, ce que j’avais fait de bien, ce que j’aurais pu changer. Je me disais : ‘tiens bon, concentre-toi, fixe un point’. J’ai pensé à mes filles, je me disais qu’elles étaient fières de leur papa et que je ne pouvais pas échouer si près du but. Ilyesse a manqué de concentration, il a chuté, et je me suis dit qu’on n’était pas à l’abri d’une petite erreur de Charlotte. Mais je savais que j’allais chuter, Charlotte fait de la boxe thaï et elle est souvent amenée à être sur un pied. Moi, ce n’est pas ma spécialité, donc je suis content de ma prestation.
“En étant bienveillant et sans trahir, on peut gagner Koh-Lanta”
Vous vous êtes refait le film de votre aventure, avez-vous des regrets ?
Très peu. J’ai fait un Koh-Lanta très propre, sans trahison. J’ai toujours suivi mon cap, celui d’emmener mes jaunes historiques le plus loin possible. Le cap a été respecté. J’ai vécu l’aventure comme j’avais rêvé de la vivre, plus concentré sur la survie que sur les épreuves. Je me fatiguais et j’arrivais sur les épreuves épuisé, et les aventuriers ont été reconnaissants de ça. En étant bienveillant et sans trahir, on peut gagner Koh-Lanta.
Vous avez réussi à avancer dans l’aventure sans vous mettre d’autres aventuriers à dos. Comment avez-vous réalisé cet exploit ?
Fabrice a souvent dit cette expression, que je trouve belle : “On ne mord pas la main de celui qui nous nourrit”. C’est ce qu’il s’est passé avec moi. Moi, j’aime bien cet autre dicton : “On récolte ce que l’on sème”. On est apprécié par les gens qui nous entourent à partir du moment où ils voient qu’on se dépense pour eux, qu’on va chercher à manger pour eux. Les gens sont souvent très reconnaissants vis-à-vis de ça.
Dans quel état d’esprit est-on pendant plusieurs mois lorsqu’on sait qu’on est potentiellement le grand gagnant de Koh-Lanta ?
Il faut le vivre avec beaucoup de légèreté, rien n’est jamais sûr à 100 %. On n’est pas sûr des votes des autres, certains le disent, d’autres pas, donc il faut prendre de la hauteur. On ne peut pas trop s’avancer dans des projets parce que si on le fait et qu’il y a une mauvaise surprise, ça peut être très douloureux à supporter, donc j’ai vécu ma vie normalement.
Avez-vous construit de vraies amitiés dans Koh-Lanta ?
J’ai des amitiés très fortes grâce à Koh-Lanta. Certains sont venus en vacances chez moi cet été, d’autres vont venir pour le Nouvel an. C’est un plaisir parce que j’aurais mal vécu les tensions, d’autant que je suis quelqu’un de sanguin, d’impulsif, et si ça avait été compliqué au niveau des relations humaines, je ne l’aurais pas bien vécu.
Vous avez remporté l’un des conforts les plus importants, celui avec votre frère. Quel souvenir gardez-vous de cette épreuve et du moment partagé avec votre grand frère ?
C’était un confort très symbolique pour différentes raisons. C’est mon plus beau souvenir sur ce Koh-Lanta. J’ai un frère et une sœur. Ma sœur est comme une seconde mère, et mon frère, c’est mon gourou de survie. C’est lui qui m’a appris à pêcher à 8 ans, je le suivais dans l’eau, j’étais émerveillé de le voir pêcher au fusil harpon. C’était très symbolique qu’il vienne sur ce Koh-Lanta, où la pêche me permettait de nourrir les aventuriers. À cette époque, on traversait une épreuve dans notre vie, mon frère et moi, puisqu’on divorçait tous les deux. Il m’a donné des nouvelles de mes filles, de mes neveux et nièces, de mes parents, de ma sœur, ça m’a fait du bien et ça m’a donné l’énergie pour la dernière ligne droite. C’était l’élément indispensable à ma victoire, c’est arrivé au moment parfait.
Vous avez confié vouloir renouer avec la mère de vos filles après le tournage…
Il y a eu une tentative de sa part, elle a accepté la main tendue. Mais elle n’est pas été trop au rendez-vous, sans donner trop de détails. Ça n’a pas fonctionné, mais je ressors de cette tentative avec le cœur plus léger. Je ne voulais pas faire partie de cette société où on consomme, on jette. Je suis très attaché aux valeurs du mariage et j’avais vraiment envie qu’on s’accorde cette deuxième chance, car nous avons eu une séparation complexe. J’ai eu la chance d’avoir cette seconde chance, ça n’a pas marché, mais je suis irréprochable. Je n’avais plus trop goût au bonheur et ma vie est désormais beaucoup plus saine auprès de mes filles, de ma famille.
Vos filles ont-elles conscience de l’aventure que vous avez vécu ?
J’avais beaucoup de peine à ne pas pouvoir leur dire l’issue du jeu, tous les mardis, en suivant l’émission. Je ne voulais pas qu’elles stressent, qu’elles sachent que j’étais arrivé jusqu’aux poteaux. Mais je ne pouvais pas le dire à des enfants qui vont à l’école tous les jours. Tous les mardis, elles tremblaient de trouille. C’était leur Coupe du monde ! Hier, elles avaient des étoiles dans les yeux, c’est tout ce qui compte pour moi.
Vous aviez indiqué à Denis Brogniart vouloir faire un voyage avec vos filles avec les 100 000 euros. Avez-vous d’autres projets avec cet argent ?
Il y a ce voyage qui aura lieu en février, et je vais aussi diversifier mon activité agricole. Je vais m’orienter vers l’agro-tourisme. La vie en osmose avec la nature, l’accueil, c’est quelque chose qui me plaît. Pourquoi pas faire des chambres d’hôte ? Il faut que je prenne ma vie professionnelle en main, que j’arrête de travailler comme un fou furieux. Les agriculteurs, nous travaillons beaucoup et vendons nos produits à des gens qui en tirent beaucoup plus profit.