Mort de Maïté. « Elle nous mettait des cassettes de son émission pour nous endormir » : quand ses petites-filles se confiaient sur leur grand-mère

Mort de Maïté. « Elle nous mettait des cassettes de son émission pour nous endormir » : quand ses petites-filles se confiaient sur leur grand-mère

Mort de Maïté. « Elle nous mettait des cassettes de son émission pour nous endormir » : quand ses petites-filles se confiaient sur leur grand-mèreCamille et Perrine Ordonez : la première vit en Irlande et la seconde à Angoulême. Nous les avions jointes en visio pour un entretien sur leur grand-mère. © Crédit photo : Philippe Salvat / SO

Par Romain Barucq

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Perrine et Camille Ordonez ont 24 et 23 ans. Ce sont les petites-filles de Maïté. Il y a quelques mois, dans le cadre de la préparation d’un dossier sur la plus célèbre des cuisinières landaises, elles avaient accepté de répondre à nos questions

Rion-des-Landes a perdu sa plus grande représentante. Maïté est décédée paisiblement, dans la nuit du vendredi 20 au samedi 21 décembre, à l’âge de 86 ans. Retirée des médias depuis près de quinze ans, la fameuse cuisinière – connue notamment pour son émission « La Cuisine des mousquetaires » qui a fait les belles heures des bêtisiers – se reposait au sein de l’Ehpad communal.

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Il y a quelques mois, Perrine et Camille avaient accepté de répondre à nos questions, dans le cadre d’un dossier que nous préparions sur leur grand-mère. La première, âgée de 24 ans, vit à Angoulême et travaille pour une base Intermarché. Camille, elle, a 23 ans. Elle vit en Irlande, à Kenmare, et travaille dans les cuisines d’une boulangerie et pâtisserie française. Elles se souviennent avec tendresse de leur grand-mère.

Quel est le premier souvenir d’enfance qui vous revient avec votre grand-mère ?

Camille. Cela peut paraître un peu cliché, mais je souviens avant tout de très bon repas. On a été très gâtés dans l’enfance par rapport à ça.

Perrine. Quand elle travaillait encore dans son restaurant, elle venait nous chercher pour nous présenter à tous les clients. Table après table. Je me souviens aussi de ses chiens. Elle en avait plein. À la maison, il y en avait toujours un qui était caché dans son tablier. C’était son petit commis (rires).

Comment se comportait-elle avec vous ?

Perrine. Elle était très naturelle, comme à la télévision. Elle ne voulait pas forcément que l’on fasse des études. Elle nous disait : « Moi, je n’en ai pas fait, donc ce n’est pas quelque chose de primordial dans la vie. » En revanche, elle souhaitait surtout que l’on soit épanouie dans la vie et heureuses.

Et côté cuisine ? Avez-vous une Madeleine de Proust quand vous pensez à cette époque ?

Perrine. Je garde un sacré souvenir de ses crêpes aux pommes et de ses croustades. Et aussi des tartines de beurre avec le chocolat chaud au petit-déjeuner.

Partageait-elle des recettes avec vous ?

Camille. Non, car en soi, on n’a jamais cuisiné avec elle. Quand elle a pris sa retraite et revendu son dernier restaurant, on avait 9 et 10 ans. Nous étions petites encore. Mais je me souviens de son omelette aux patates et son poulet aux pâtes.

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« Elle a transmis quelque chose de notre culture landaise à la télévision et ça, c’est une fierté pour nous »

Vous avez une grand-mère qui est connue dans la France entière. Comment avez-vous découvert sa notoriété ?

Camille. La première fois que je m’en suis rendu compte, c’était au club de tennis de Rion. Elle était venue me récupérer et les gens demandaient s’ils pouvaient faire une photo avec elle.

Perrine. Moi, c’est pendant les fêtes de Rion, quand on venait lui demander des autographes. Je ne comprenais pas pourquoi. Je devais avoir 6 ou 7 ans.

Cette célébrité n’a-t-elle pas été pesante pour vous ?

Perrine. On l’a bien vécue car on n’a pas été élevées dans ce culte. On nous disait : « Si on vous en parle, vous pouvez le dire. Mais vous n’avez pas à vous en vanter. » Et puis, lors de notre enfance, elle avait déjà arrêté les émissions à la télévision. On a grandi avec notre grand-mère, on n’a pas grandi avec Maïté au sens où vous l’entendez. On l’appelait Mamie Maïté.

Camille. À un moment donné, ça l’a un peu été car on me ramenait tout le temps à elle. Et notamment parce que, moi aussi, je travaille dans les cuisines. Quand j’ai participé à l’émission de M6 « Objectif Top chef », on m’avait contacté pour cela. C’est aussi pour cela que je suis partie en Irlande, pour m’en éloigner un peu. Mais maintenant, je le vis beaucoup mieux.

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Les vidéos de votre grand-mère dans l’émission « La Cuisine des mousquetaires » sont devenues cultes. Comment les avez-vous reçues ?

Perrine. Quand on dormait chez elle, quand nous étions petites, elle nous mettait des cassettes de son émission pour nous endormir. Il y avait une petite télévision à cassettes dans la chambre. C’était comme un dessin animé auquel on avait droit avant de se coucher. On ne savait pas, alors, que c’était diffusé dans la France entière. Il n’y avait rien de narcissique, c’était juste pour nous montrer.

Camille. Personnellement, je me suis rendu compte de l’impact de l’émission quand j’ai commencé à travailler en cuisine. On me donnait des références de certaines de ses émissions comme l’anguille, le burger landais comparé à celui des fast-foods. Ou l’ortolan. Et je n’avais pas compris à quel point c’était quelque chose de culte.

Et avec le recul, que pensez-vous de ces vidéos aujourd’hui ?

Perrine. J’en rigole. Le plus rigolo, c’est de lire les commentaires et de constater que tout le monde connaît notre grand-mère. Et ça, c’est assez hallucinant !

Votre grand-mère est aimée de tout le monde. Qu’est-ce que cela provoque en vous ?

Perrine. C’est aussi la reconnaissance de notre culture landaise, de notre terroir. Elle a transmis quelque chose de notre culture à la télévision et ça, c’est une fierté pour nous. Elle est dans le cœur de tous les Français.

L’émission « La Cuisine des Mousquetaires » a été reprise par France 3 Occitanie. Qu’en pensez-vous ?

Camille. Aujourd’hui, on ne ferait plus la cuisine de la même manière. France 3 a, en effet, repris l’émission, mais cela n’a plus rien à voir. On ne peut plus faire ce qu’elle faisait aujourd’hui à la télévision. Mais, c’est vrai qu’aujourd’hui, tout cela manque un peu de personnalité, ça manque de ce côté terroir et vieille France.

 

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