En Haïti, Alix Didier Fils-Aimé remplace Garry Conille au poste de Premier ministre

L’homme d’affaires Alix Didier Fils-Aimé a été nommé Premier ministre d’Haïti lundi après le limogeage de son prédécesseur Garry Conille la veille, après seulement cinq mois passés au pouvoir.

Alix Didier Fils-Aimé a été investi lundi 11 novembre Premier ministre d'Haïti.Alix Didier Fils-Aimé a été investi lundi 11 novembre Premier ministre d’Haïti.

 © Capture d’écran, France 24

Un nouveau Premier ministre haïtien a été investi lundi 11 novembre pour succéder à son prédécesseur limogé dimanche par le Conseil présidentiel de transition de ce pays des Caraïbes en plein chaos provoqué par la violence de gangs armés.

Après seulement cinq mois au pouvoir, Garry Conille est remplacé par l’homme d’affaires Alix Didier Fils-Aimé, qui a prêté serment lundi en direct à la télévision haïtienne, après un conflit entre le chef du gouvernement sortant et le Conseil de transition.

Le nouveau Premier ministre s’est engagé dans un discours d’investiture à “travailler sans relâche (…) à la cohésion” politique et au “rétablissement de la sécurité” dans le pays.

“Je prends l’engagement (…) de mettre mon énergie, mes compétences et mon patriotisme au service de la cause nationale”, a-t-il déclaré, évoquant également de prochaines “élections” alors que le pays est privé de président depuis 2021.

Cinq mois au pouvoir
Garry Conille avait été nommé début juin pour tenter de stabiliser le pays, qui ne cesse de s’enfoncer dans le chaos, notamment en raison de la violence des gangs.

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La décision de démettre Garry Conille de ses fonctions intervient après des semaines de conflit entre le dirigeant et le Conseil de transition, qui souhaitait changer les responsables des ministères de la Justice, des Finances, de la Défense et de la Santé, contre l’avis du Premier ministre, selon le journal Miami Herald.

Après la démission du Premier ministre controversé Ariel Henry en avril, un Conseil présidentiel de transition de neuf membres avait été mis en place pour exercer le pouvoir exécutif, avec pour lourde mission de rétablir la sécurité et d’organiser des élections, dans un pays ravagé par la violence et la corruption et qui n’a plus de président depuis l’assassinat de Jovenel Moïse en 2021.

En septembre lors d’une visite en Haïti, le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken avait appelé les autorités de transition à s’engager rapidement vers des élections. Les dernières remontent à 2016.

Médecin de 58 ans qui avait déjà été Premier ministre d’Haïti pendant six mois entre 2011 et 2012, Garry Conille avait été désigné par ce Conseil présidentiel de transition.

En juillet, il avait dû être évacué d’un quartier de la capitale Port-au-Prince dans lequel des membres de gangs avaient ouvert le feu.

Haïti pâtit depuis des dizaines d’années d’une instabilité politique chronique.

Mais depuis quelques mois, ce pays des Caraïbes doit faire face en plus à une résurgence de la violence des gangs, qui contrôlent 80 % de la capitale Port-au-Prince.

Une situation qui s’est aggravée en début d’année, lorsque ces gangs ont décidé d’unir leurs forces pour renverser le chef du gouvernement Ariel Henry.

La situation n’a cessé de s’aggraver depuis, malgré la mise en place de la mission multinationale de soutien à la police.

Soutenue par l’ONU et les États-Unis, cette mission menée par le Kenya a commencé à se déployer cet été, avec pour l’instant un peu plus de 400 hommes.

Mais selon le rapport de la mission de l’ONU en Haïti (Binuh) rendu public fin octobre, 1 233 meurtres ont encore été commis entre juillet et septembre, dont 45 % imputables aux forces de l’ordre et 47 % aux gangs, dans ce pays de 12 millions d’habitants.