Samuel Le Bihan : “Alex Hugo, c’est un peu devenu moi”
Samuel Le Bihan « incarne » son personnage d’Alex Hugo.
© (Photo Nathalie Guyon)
Le comédien, engagé dans la prise en charge de l’autisme et la lutte contre la pollution par les plastiques, revient dans deux nouveaux épisodes.
Les coups de fil s’enchaînent et il est difficile à joindre : Samuel Le Bihan « est » de nouveau Alex Hugo pour deux nouveaux épisodes diffusés sur France 3 (auparavant sur France 2). Et malgré son emploi du temps chargé, il prend le temps de parler de ce héros, devenu une figure du petit écran. « C’est vrai, Alex Hugo, c’est un peu devenu moi. » Ce personnage emblématique, le comédien ne l’imaginait pas quand on lui a proposé, il y a huit ans. « J’étais en pleine curiosité quand on me l’a proposé. » Un silence… « Je n’avais pas l’intuition qu’il deviendrait aussi fort. » Vingt-deux aventures ont été tournées (avec des épisodes réunissant plus de quatre millions de téléspectateurs). D’autres suivront.
« À la fin c’est le public qui choisit » Le public a adopté cet homme blessé, réfugié dans une montagne magnifiée par les paysages des Hautes-Alpes. « C’est un mec inspirant, courageux, généreux, secret, qui ne se plaint pas. Évidemment que je l’ai ramené à moi. Mais il m’inspire aussi et je l’aime beaucoup. C’est un mélange entre lui qui me nourrit et moi qui l’interprète. » Et l’acteur de confier qu’il se glisse derrière son masque pour y exprimer ses propres fragilités. « Il est difficile parfois de savoir si c’est lui ou si c’est moi. » Sensibilité et émotions, Samuel Le Bihan ne les cache pas plus que la tendresse et une fragilité éclipsée par une apparente solidité. « Il oblige à vivre fort et à être à l’écoute des autres. Et puis c’est une ode à la nature, ce qui me tient à cœur. »
C’est avec Alex Hugo que l’acteur a découvert la montagne. « À part des séjours au ski et pas l’été. » De la randonnée d’abord, puis de l’escalade : Samuel Le Bihan, grand sportif, a appris à connaître la montagne. « J’ai essayé de faire tout ce qui était possible. C’est un magnifique terrain de jeu, avec ses dangers. J’aime la montagne parce qu’il faut y être actif. Elle demande un engagement physique. On découvre le plaisir d’un verre d’eau fraîche après une longue marche. Son univers minéral dégage de la force et permet de faire corps avec les éléments. C’est une découverte magique. »
Il l’avoue, interpréter le policier atypique exige d’être en forme. « Je n’arrête pas de courir », s’amuse-t-il. « Mais je m’amuse, j’y prends du plaisir. Je me demande régulièrement quand ils vont me sortir de la série, mais ce n’est pas encore. Et c’est tant mieux parce que je ne m’ennuie pas : la qualité de l’écriture et des scénarios apporte une richesse à la série qui ne ronronne pas du tout. »
Samuel Le Bihan aime les défis. Mais aussi les émotions. « Si on fait ce métier, c’est aussi pour se faire peur émotionnellement, parce qu’on est en quête de quelque chose. Les choix qu’on fait sont importants, mais à la fin, c’est le public qui choisit. »
Sensibilité, engagement. L’acteur n’en manque pas. Engagé auprès de l’ONG Action contre la faim, il participe à la création de l’association Earthwake, qui a pour mission de lutter contre les pollutions plastiques en proposant des solutions de recyclage notamment. Mais son combat le plus empreint d’amour est celui contre l’autisme : il a écrit Un bonheur que je ne souhaite à personne, qui parle de sa relation avec Angia, sa fille autiste, et a cofondé en 2018 la plate-forme Autisme info service.
« Le rapport à la justice et à l’humanité de mon personnage me paraît très important. Tout comme l’acceptation de la différence. Il y a une vraie cohérence aussi avec le respect de la nature. Ce personnage me fait du bien et son succès est un cadeau. C’est magique. »
« Mieux-vivre ensemble » Mais pour le comédien qui mène carrière à la fois au théâtre, au cinéma et à la télévision, c’est le grand écran, avec Mon chat (avec Zabou Breitman et Pascal Elbé), une comédie, qui sera son actualité prochainement. « J’adore la comédie et on ne m’en propose pas assez. C’est très technique de faire rire. C’est vrai qu’on m’a un peu oublié dans ce registre », constate-t-il en confiant qu’il aimerait revêtir la robe d’un avocat. « Je jouais un avocat dans T’en fais pas, je suis là (dont il a également été l’un des scénaristes) mais j’ai envie d’explorer ce métier qui convainc avec la puissance des mots et qui amène à penser autrement avec une force de persuasion née du travail d’un dossier. »
Chevalier de la Légion d’honneur dans la promotion du 14 juillet 2021, le comédien se dit fier et touché par cette distinction, mais dans un éclat de rire, il lance : « Je n’ai toujours rien eu d’officiel. Je l’ai appris par la presse. » Mais qu’importe, ses combats, Samuel Le Bihan les mène pour dire et vivre ses convictions. Par ses engagements, ses rôles ou l’écriture. « Je fais ce que je peux à mon niveau pour le mieux-vivre ensemble. »