Dix jours après leur défaite 4-0 lors du Clasico, le Real Madrid ne se contentait pas de devoir battre l’AC Milan mardi. Ils avaient besoin d’une victoire décisive. Il fallait qu’il y ait une preuve que cette équipe commençait à se former, que l’entraîneur Carlo Ancelotti détenait les réponses, et que le nouveau projet dirigé par Kylian Mbappé allait dans la bonne direction.

Au lieu de cela, la défaite 3-1 de mardi au Santiago Bernabéu a été une répétition des mêmes symptômes: une nouvelle preuve que quelque chose a gravement mal tourné pour les champions d’Espagne et d’Europe, et un autre indice que les rois d’Europe pourraient, de manière impensable, avoir du mal à progresser dans la phase de 36 équipes de la Ligue des champions après deux défaites en quatre matchs.

La performance de Madrid contre Milan rappelait ce que nous avions vu lors de leur victoire en comeback 5-2 contre Borussia Dortmund il y a deux semaines. Mais cette fois, ce n’était que les mauvais aspects, sans aucune des bonnes choses. Il y a eu une première mi-temps décevante et désorganisée, avec un retard de 2-1. Mais cette fois, il n’y a pas eu de seconde mi-temps pleine de panache, inspirée par Vinícius Júnior, pour renverser la situation et décrocher la victoire.

Au lieu de cela, la soirée est devenue de plus en plus frustrante. Ancelotti a tout essayé, procédant à cinq substitutions – en faisant entrer Eduardo Camavinga, Brahim Díaz, Dani Ceballos, Rodrygo et Fran García en seconde période – dans l’espoir de secouer son équipe. Cela n’a fait qu’ajouter à la confusion. À la fin, Madrid avait créé de nombreuses occasions – 23 tirs, dont 10 cadrés – et un xG (buts attendus) de 2,44, mais n’a marqué qu’un seul but.

Il y a eu des moments où l’on aurait pu croire à un autre retournement de situation, qui aurait pu provoquer une nouvelle résurrection de Madrid. Antonio Rüdiger avait inscrit un but en seconde mi-temps – qui aurait réduit l’écart à 2-3 avec dix minutes restantes – mais il a été annulé pour hors-jeu. Le gardien de Milan, Mike Maignan, a effectué une incroyable parade sur la tête de Díaz dans les derniers instants. Mais dans l’ensemble, cette soirée restera à oublier pour Madrid.

Rien ne s’est vraiment bien passé. Il y a eu des tirs largement, presque comiquement, hors cible de joueurs aussi talentueux que Luka Modrić et Jude Bellingham. Il y a eu Mbappé, manquant occasion après occasion. Il a terminé la rencontre avec huit tirs, mais seulement trois cadrés, et un xG de 0,54. Il y a eu de la frustration parmi les supporters madrilènes, notamment face à certaines performances individuelles, avec des sifflets pour le milieu de terrain hors de forme Aurélien Tchouaméni lorsqu’il a été remplacé à la mi-temps.

Est-ce vraiment censé être aussi difficile ? C’est une équipe avec Vinícius et Mbappé en attaque, Bellingham et Federico Valverde au milieu, Rüdiger et Éder Militão en défense. Les noms sont d’élite. Les performances collectives, du moins cette saison, ne le sont absolument pas. Et sur la touche, la pression sur Ancelotti ne cesse de croître.

Les performances de Madrid en Ligue des champions cette saison ont toutes été d’un degré variable de non-convaincant. Contre le VfB Stuttgart, ils ont eu besoin de buts tardifs de Rüdiger et Endrick pour décrocher une victoire 3-1. À Lille, ils ont perdu 1-0 après avoir raté de nombreuses occasions. La remontée 5-2 contre Dortmund a été palpitante, propulsée par une prestation en seconde période de Vinícius, qui a signé le meilleur match de sa carrière, mais elle est survenue après une première mi-temps tout aussi préoccupante.

Une nouvelle prestation sans mordant de Kylian Mbappé et le Real Madrid voit les champions d’Europe se retrouver face à une sortie surprise de la Ligue des champions.

Il est difficile d’ignorer l’impact que l’arrivée tant attendue de Mbappé a eu sur cette équipe, ainsi que l’effet domino qu’elle a provoqué, l’incertitude qu’elle a générée quant à la position et au statut de Vinícius et Bellingham. Vinícius, pour sa part, a largement brillé cette saison. Ici, il a remporté et transformé un penalty “panenka” pour égaliser à 1-1, remettant Madrid dans le match après que la tête de Malick Thiaw ait donné l’avantage à Milan.

La saison de Bellingham, jusqu’à présent, est déroutante. Son jeu global n’a pas été mauvais. Mais au 5 novembre 2023, lors de sa première saison, il avait inscrit 13 buts pour le Real Madrid. Cette saison, il n’en a aucun. Ancelotti semble incertain de ce qu’il doit faire avec Bellingham, le ramenant mardi à son poste de milieu gauche qu’il occupait durant une grande partie de la saison dernière, après avoir joué à droite ces dernières semaines, y compris contre Barcelone. Le dernier but de Bellingham pour son club remonte à 176 jours.

La défense de Madrid, l’une de leurs grandes forces la saison dernière, est désormais perméable. Ils ont encaissé 10 buts lors de leurs quatre derniers matchs. Ici, le but d’Andriy Lunin a été constamment exposé, un milieu de terrain grand ouvert étant tout autant responsable que la ligne défensive. En particulier, Rafael Leão de Milan s’est régalé contre le latéral droit remplaçant, Lucas Vázquez.

Et puis il y a eu Álvaro Morata, jouant le rôle d’archétype de l’ennemi juré devant les supporters du Bernabéu, inscrivant un but contre son ancienne équipe – son septième but contre Madrid, après avoir déjà trouvé le chemin des filets avec la Juventus et l’Atlético Madrid – pour permettre à Milan de mener 2-1 à la mi-temps. Après son but, un léger sourire en coin, un doigt sur les lèvres, avant une célébration plus traditionnelle, non-événementielle contre son ancien club. Morata a travaillé dur pour Milan, redescendant dans l’axe, un attaquant polyvalent, le genre de rôle que Mbappé n’a jamais vraiment occupé.

Les choses auraient pu être encore pires pour Madrid. Lunin a réalisé une parade à pleine extension face à Leão à la 52e minute. Alors que Madrid cherchait l’égalisation, créant des occasions, Milan était tout aussi dangereux en contre-attaque. Le but de Tijjani Reijnders à la 73e minute a porté le score à 3-1, rendant tout retour peu probable.

Madrid a maintenant une longue attente d’un mois avant de rejouer en Ligue des champions, affrontant Liverpool, leader de la Premier League. Avant cela, il y a la trêve internationale, puis des matchs contre Osasuna et Leganés en LaLiga. Des matchs à gagner, ou des pièges potentiels ? D’ici leur déplacement à Anfield, la pression qui pèse sur l’équipe et son entraîneur pourrait bien atteindre son point de rupture.