Le maire de Cannes avait jugé dans « Nice-matin » que la vigilance rouge émise par Météo France jeudi dans les Alpes-Maritimes n’avait pas lieu d’être.

La ville de Cannes inondée, le 23 septembre 2024.
Photo de David Lisnard, partagée sur X
La ville de Cannes inondée, le 23 septembre 2024.

ENVIRONNEMENT – Il ne voulait pas « créer de polémique », c’est raté. Le maire de Cannes, David Lisnard, a vertement critiqué le système de vigilance de Météo France après les récentes intempéries sur sa commune, dans une interview donnée le 18 octobre à Nice-matin. Des propos qui ont mis plusieurs chercheurs en colère et qui l’ont fait savoir sur les réseaux sociaux ce dimanche 20 octobre.

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Le président de l’Association des maires de France avait reproché à Météo France d’avoir placé le département des Alpes-Maritimes en vigilance rouge jeudi alors qu’il n’était « tombé que 23 mm d’eau en dix heures. » Tandis que le 23 septembre, poursuivait David Lisnard, « alors que nous étions en alerte jaune, plus de 50 mm s’abattaient en moins de 25 minutes sur la place de la République et inondaient le quartier. Il y a comme une confusion chromatique ».

Météo France utilisée comme « bouc émissaire »

« Quand bien même nous savons tous que la météorologie n’est jamais une science exacte, il est difficile de comprendre qu’en 2024, une telle marge d’erreur », taclait-il encore, allant même jusqu’à appeler à un audit de Météo France, « pour analyser de façon précise et objective le problème ».

Les critiques négatives de David Lisnard ont suscité l’ire des scientifiques, dont le climatologue Christophe Cassou, qui a apporté dimanche sur X « tout [s]on soutien aux collègues de Meteo France ». Le directeur de recherche au CNRS a laissé transparaître sa colère dans son poste, imaginant un semainier inspiré des reproches entendus chez les politiques : « lundi : Le GIEC exagère. Mardi : On est sous l’eau. Mercredi : Trop de postes à Météo France. Jeudi : Scandale, ils n’ont pas prévu. »

« Depuis des lustres, on cherche des boucs émissaires », a fustigé sur son compte X sa consœur, la chercheuse Magali Reghezza. La géographe qui est née et a vécu dans les Alpes-Maritimes a tenu à rappeler que le problème n’était pas le système de prévision de Météo France, mais « les permis de construire en zone inondable, l’imperméabilisation et désormais le changement climatique. »

« On a un vrai problème de la gestion des risques en France »

Sous la publication de Christophe Cassou, d’autres experts et scientifiques se sont offusqués des propos de David Lisnard. À l’instar du météorologue Stéven Tual, qui a regretté : « Toujours pas de dirigeants politiques à la hauteur des enjeux… Nous sommes en 2024 et la communication prime plus que jamais sur l’action ! ». Le prévisionniste Florentin Cayrouse est également de cet avis, il estime qu’« on a un vrai problème de la gestion des risques en France avec des politiques déconnectés de la réalité ».

Les crues inédites dans le Centre-Est jeudi ont toutefois permis de fait réagir la ministre de la Transition écologique et de l’Énergie. Agnès Pannier-Runacher a en effet mis dans la balance sa démission du gouvernement si elle n’obtenait pas l’argent nécessaire à une politique d’adaptation et d’atténuation du changement climatique. « Il faut un budget qui soit à la hauteur de la situation et ce n’est pas le cas aujourd’hui », a-t-elle déclaré, interrogée sur BFMTV-RMC. « Je veux surtout travailler à avoir les moyens de mon action (…) si je ne les ai pas, j’en tirerai les conclusions. »

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